Yann et moi, Aurélie, sommes enseignants, lui en informatique et moi en économie et gestion.
En 2010, après 15 ans d’exil en banlieue parisienne, nous parvenons enfin à revenir à la terre et à nous installer sur notre lieu actuel de 2 ha niché dans un coude de l’Auvézère sur la commune de Tourtoirac en Périgord : un avant-goût de paradis mais tout à faire.
Nous allons pouvoir enfin nourrir nos enfants sainement et les laisser respirer. Nous pensons aussi déjà à un modèle d’agriculture plus résilient et qui respecterait l’homme et la terre.
Au départ Yann se lance dans un grand potager cultivé sans chimie mais en travaillant un peu le sol. Puis nos recherches nous amènent à étudier très en détail le travail de la ferme du Bec-Hellouin et les approches permaculturelles du jardinage. Yann fait aussi beaucoup d’expérimentations inspirées du maraîchage sur sol vivant. Du coup … les goûts s’améliorent sans aucun intrant chimique et avec un travail du sol de plus en plus minimaliste. De mon côté je veille à la beauté et à l’harmonie du lieu et je crée un jardin de vivaces et d’aromatiques en forme de Mandala dans le même esprit.
Dans tout ce parcours, l’entraide et les discussions avec nos voisins, porteurs d’une mémoire paysanne très riche, nous aident aussi beaucoup.
Très vite un premier objectif est atteint : nourrir notre famille sainement tout en respectant la terre de notre lieu. Nous n’achetons plus aucun légume et aromate, nous parvenons même à générer des surplus.
Mais il reste de grands défis à relever : comment atteindre une telle autonomie plus collectivement ? Comment renforcer la résilience de ce jardin ? Comment rendre ce modèle transposable dans d’autres lieux ? Comment partager nos expériences et expérimentations ? Notre chemin n’est pas terminé.
Ces dernières années nous approfondissons les travaux de M. Fukuoka et de la mouvance des jardins-forêts inspirée des pratiques agricoles des peuples premiers. Ces approches répondent à beaucoup de questions et nous semblent infiniment prometteuses.
Voilà comment nous sommes arrivés à planter des centaines d’arbres sur notre lieu pour créer un jardin-forêt et des forêts-jardins plus ou moins sauvages. Le jardin-forêt au centre duquel se trouve une mare creusée par la famille pendant le confinement 2020 est le coeur de ce lieu. Nous préparons l’implantation des strates basses et en particulier celle des légumes perpétuels. Nos réflexions se focalisent désormais sur ces légumes extraordinaires dont nous voulons explorer toutes les promesses.
Notre jardin prend forme jour après jour. Il fait le plaisir de nos yeux, de nos papilles et nous semble utile à notre avenir commun.
Notre rêve : transmettre notre conviction que ce modèle est reproductible, généralisable et que la culture des légumes en jardin-forêt peut être une voie d’avenir face à certains maux de notre société…
Nous aimons croire, comme Fukuoka, que la révolution pourrait venir d’un seul brin de paille.